Aelia Hazil Omar Mismar Panos Aprahamian
Safe Spaces
Ouverture le 4 juin 2021 de 15h à 21h le vendredi 04 juin 2021 dès 15h00
Exposition du 4 au 27 juin 2021
ouvert vendredi & samedi de 16h à 19h
ou sur rdv: info@standard-deluxe.ch
Performance zoom de Panos Aprahamian pendant le vernissage, le 4 juin
Le nombre de personnes à l'intérieur sera limité, conformément aux mesures sanitaires.
L’année 2020 est enfin derrière nous. Aujourd’hui, la recherche de zones de confort – des espaces sûrs – n’a peut-être jamais été autant d’actualité. L’année écoulée a exposé et souligné les problèmes systémiques que notre société a entretenus pendant des décennies. Ces problèmes, dont les victimes directes étaient soit invisibles d’un point de vue occidental, soit hors du continent, sont désormais partout. Les émeutes, la pollution, la violence sont désormais visibles par toutxes. Cependant, la crise sanitaire que nous traversons nous montre, une fois de plus, la force de nos capacités d’adaptation, à la fois bénéfiques et néfastes pour nos corps et nos esprits. Les soulèvements de 2020 ont mis en évidence une nouvelle façon de se mobiliser, propre à notre ère numérique: l’internet. L’appropriation de l’espace urbain par la population pour défendre ses droits est devenue le bras armé du cyberespace, lieu de toutes les interactions à l’ère du télétravail généralisé. Le monde virtuel devient progressivement notre zone de confort. La sphère urbaine a cessé d’être un espace sûr, mais plutôt un outil de calcul de nos privilèges. Désormais, le cyberespace nous permet à la fois de montrer et de cacher, mais aussi de donner vie à nos identités réelles et/ou alternatives. Les enfermements perpétuels ont également démontré que la maison, à l’origine le refuge, peut aussi être le théâtre de la violence. Le monde numérique serait-il devenu le véritable Safe Space de cette décennie ? C’est à cette question que les artistes invités, Aelia Hazil, Omar Mismar et Panos Aprahamian, tentent de répondre, non pas en rejetant le chaos, mais en l’organisant.
L’œuvre d’Aelia Hazil, une artiste/entité fictive née et générée sur le net, utilise le langage numérique pour illustrer notre situation actuelle. Teintée d’humour et de cynisme, Aelia Hazil adopte les symboles et les memes d’Internet, ainsi que les effets du glitch pour dépeindre le début d’une apocalypse pop. Ces récits prennent la forme de vidéos et de rideaux imprimés, obscurcissant l’espace pour faire oublier son cadre architectural. Ce dernier reste néanmoins très présent et nous rappelle que s’il existe un espace sûr, il est la conséquence de l’oppression. Panos Aprahamian développera la relation entre le langage numérique et les questions politiques à travers la performance. Il mettra en évidence les multiples statuts que peut prendre le glitch, notamment lorsque ce bug codifie des questions politiques. Omar Mismar utilise également la technologie numérique pour faire face à ses maux. L’année 2020 a donné lieu à une confrontation ouverte en termes de questions sociales et de vecteurs de discrimination tels que l’homophobie, le racisme et la misogynie. Ces thèmes sociaux sont désormais un devoir civique – que l’on peut considérer aujourd’hui à la mode – et qui nous rappelle sans cesse que tout est politique, surtout lorsqu’il s’agit de se battre pour ses droits et ses libertés. L’enfermement semble incarner les oppressions systématiques que vivent quotidiennement les victimes de discriminations homophobes, racistes et sexistes. Le néon présenté par Omar Mismar teinte l’espace en rouge. Entre les enseignes du bar et du club érotique, cette œuvre matérialise une trace GPS sur Google Map. Ce tracé a été effectué par l’artiste entre 2013 et 2014 pendant 30 jours à San Francisco. En utilisant l’application de rencontre Grindr, il a choisi un homme qu’il désirait et a essayé de s’en approcher le plus possible. Cette sculpture illustre le chemin de ses itinéraires journaliers. Bannie au Liban en 2019, cette application facilitait considérablement l’accès à des safe spaces que les lieux public n’offrent pas.
Comme le drone survolant la plaine verte du rideau occultant l’espace de standard/deluxe, l’accessibilité des espaces sécurisés oscille entre l’ombre du web et la lumière émanant des mouvements sociaux urbains.
Panos Aprahamian est un artiste libanais qui écrit, enseigne et travaille avec des films, des vidéos et des médias numériques. Sa pratique explore les fictions ethnographiques, les disjonctions temporelles, l’agence non humaine, la mémoire implantée, les taxonomies spéculatives et les futurs perdus.
Artiste libanais, La pratique d’Omar Mismar est interdisciplinaire et alimentée par l’idée du quotidien: ce que les gens font dans la ville, comment nous vaquons à nos occupations, nos temps libres et solitaires, nos vies privées et publiques. Marcher, intervenir, subvertir, résister, satiriser, converser, imaginer, raconter et parcourir orientent sa pratique. Il est fasciné par la figure du détective.
Aelia Hazil est une artiste visuelle palestinienne assiégée au Liban. Elle a commencé sa pratique artistique en tant que blogueuse de voyage sur Instagram, où elle documentait ses voyages virtuels en Palestine en utilisant du matériel visuel de lieux et de personnes réelles de la Palestine occupée. Dans le processus d’appropriation et d’intégration de ces images, l’identité d’Aelia Hazil se construit, sur la base de souvenirs fictifs pour raconter l’histoire animée d’une personne intangible. Le travail d’Hazil se concentre sur les politiques, mises en œuvre et accélérées sur Internet, et interroge un monde virtuel sans frontières.