Thomas Annaheim Lambert
Qu’est-ce que tu mijotes?
Vernissage performance repas le vendredi 17 janvier 2025 dès 18h30
Je suis parti à la recherche de ce que j’avais mangé — au propre comme au figuré —
L’exposition prend la forme d’un modeste repas servi à table.
Ouverture des portes à 18h30, la table sera dressée vers 19h et le repas servi dans la foulée
La cuisine servira soupe, images, fromages et enfin dessert.
Nous attirons votre attention sur le fait que les places assises sont limitées, ainsi nous vous conseillons de ne pas trop tarder.
Qu’est-ce que tu mijotes ?
Je suis parti à la recherche de ce que j’avais mangé — au propre comme au figuré —
Thomas Annaheim Lambert nous invite à un repas, une performance, un moment d’échange mis en scène.
«Partager un repas», cette expression a des références chrétiennes, une odeur de famille et des allures d’amitié. C’est souvent autour d’une table de cuisine que l’on se raconte le mieux, que l’on boit en riant, qu’on a l’impression de se comprendre, que les échanges durent jusqu’à tard dans la nuit. Il se peut aussi que la soirée vire à un drame à la Festen, ou que des disputes récurrentes s’épuisent autour d’un menu qui semble immuable. La cuisine est le lieu choisi, le référentiel.
Ce que Thomas nous propose, c’est la mise en scène d’un repas. Il y met toute son attention, ses mots, ses pensées pour nous préparer, nous offrir: une expérience, un moment d’échange; il utilise des objets modifiés, des pensées cousues, un décor, de la nourriture et une collection d’images.
Je réalise ce matin, mais il me semble que cette idée m’avait déjà traversé hier, que l’idée de cette grande table est peut-être issue de mon souvenir de la mise en scène de Baal de B. Brecht au théâtre de la Bastille (mise en scène François Orsoni avec Cl othilde Hesme dans le personnage de Baal), vu en décembre 2010, le soir de mes vingt ans. Mon journal commence avec des collages du programme de la pièce et une petite critique.
Thomas, ici à standard/deluxe est un artiste polymorphe, pas seulement photographe, donc. Les images figent, se souviennent de tables de cuisine anciennes, se rappellent de fruits qui ont pourris depuis, des rires qui se sont éteins dans la nuit. Les images convoquent les discussions qu’on a eues, et celles qu’on n’a pas eues, les émotions, les souvenirs hors cadre, la jolie lumière qui embellissait tout. La·e specateurice peut s’imaginer des suites et des liens qui n’ont jamais existés que dans une mémoire reconstituée, donc plurielle, que l’on peut raconter, se raconter.
Cette archive c’est comme
Pour donner forme au monde qui nous entoure, il faut
Faire image pour donner forme. Souvent. Je pense.
Thomas se mue également en homme/femme de théâtre, pas seulement acteur, donc. Il se réfère au monde du théâtre, il se nourrit des textes (ceux de Brecht notamment) et s’essaie dans cette proposition à la mise en scène. La question du document, du réel est ici savamment questionnée dans le sens ou la scène est fictive, organisée, le lieu est un espace d’art contemporain, pourtant, ce qui va se jouer appartient aux spectateurs, aux protagonistes de la soirée.
Les propositions détournées des couverts, les mots, les images sont autant d’invitations à échanger, des prétextes à se raconter ou à réfléchir.
Tout cela pour finalement dire je ne connais pas de recette ou plutôt qu’il n’y a pas de recette. Chacun on mijote notre petite popote de vie dans notre coin, et de même qu’il n’y a pas de recette, on ne voit pas la même chose. Et c’est bien parce que nous ne voyons pas la même chose que nous communiquons. Cette exposition et le modeste repas qui l’accompagne se veut être une célébration de cette infinité de regards-recettes.
Et vous ? Qu’est-ce que vous mijotez ?